We want Miles

Publié le par yakapa

La Cité de la musique à Paris s'ouvre au monstre sacré du Jazz.


L'autre évènement artistique du moment qui ravira les seniors et leur rappellera sans doute de grands moment...
C'est l'exposition géante que la Cité de la musique à Paris consacre au géant du jazz. J'ai nommé Miles Davis.

Un article du monde.fr. L'exposition "We Want Miles. Miles Davis : le jazz face à sa légende" est une réussite. Parce qu'on y entend la musique de Miles Davis autant qu'on la voit. En présentant ainsi les "évolutions-révolutions" du trompettiste, Vincent Bessières, le commissaire, évite le travers d'une présentation fétichiste dans laquelle se sont perdues d'autres tentatives de montrer la musique au musée.

Il y a bien des trompettes, dont une Martin, modèle Magna des années 1950, vernie d'un bleu-vert de flamme, et des instruments de ses orchestres comme un clavier Fender électrique et une guitare basse Fodera Monarch Deluxe, utilisés pour l'enregistrement de Tutu : tout cela établit l'étroite corrélation de la musique de Miles Davis avec les mutations technologiques.

Quelques costumes, des partitions, des écrits, aussi. Comme ce reçu, sur un bout de papier froissé, d'une avance pour l'enregistrement de la musique du film Ascenseur pour l'échafaud, de Louis Malle, et signée "Miles Davis, motherfucker" (que l'on peut traduire par "enfoiré"). Présentés avec soin, discrètement, au bon endroit, ces objets ne sont pas ceux d'un culte.

Ce fils d'un chirurgien-dentiste d'East Saint Louis (Illinois) est passé maître dans l'art du clair-obscur. Dans une scénographie volontairement noire, "We Want Miles" est une exposition serpentine, en circonvolutions, construite de manière chronologique, de sa rencontre avec ses idoles et maîtres du be-bop (Dizzy Gillespie et Charlie Parker, en 1944) à l'un des ultimes concerts, à la Grande Halle de La Villette, en juillet 1991, en passant par le succès planétaire de Tutu, album électrique composé en 1986 par Marcus Miller.

Présenté au printemps au Musée du quai Branly, à Paris, "Le siècle du jazz" avait pour propos de dévoiler les liens entre le jazz et les arts plastiques. "We Want Miles" s'en démarque, et si deux tableaux de Jean-Michel Basquiat sont accrochés, Bird of Paradise (1984) et Horn Players (1983), c'est pour mieux expliciter l'univers du trompettiste, fasciné par Dizzy Gillespie et Charlie Parker, comme l'était lui-même le peintre.

Les pochettes de disques de la grande époque du graphisme 33-tours (Birth of the Cool, 1949-1954, lettrages des années Prestige, luxe de l'esthétique Columbia à partir de 1959), les affiches psychédéliques des années 1970, figurent sur les murs noirs pour mieux étayer un propos musical capturé dans une série de "sourdines", cabines circulaires qui enveloppent le son et évitent le principal travers d'expositions consacrées à la musique : la cacophonie. Outre ces espaces, "We Want Miles" fournit des bornes d'écoute au casque pour les mélomanes affûtés.

"We Want Miles" a ce mérite de dévoiler l'oeuvre et le personnage de Miles Davis dans sa continuité. Car chacune de ses périodes que l'on a pu penser "de rupture" a été en fait annoncée par la précédente, ainsi que le souligne une déambulation ouverte de l'exposition, sur deux niveaux. Seule vraie rupture, et encore, celle du passage de l'acoustique à l'électricité. En haut, les années acoustiques, en bas, les années électriques ; en haut, le noir et blanc, une imagerie poussée du jazz dans la nuit ; en bas, la couleur, la pleine lumière, la starification.

On y verra Miles Davis boxer, filmé par son ami dessinateur Corky McCoy (auteur de la pochette funk d'On the Corner, immense, sur l'un des murs). Miles avait composé, en 1970, la bande originale d'un documentaire sur le boxeur engagé Jack Johnson, et retrouvé une conscience noire inflexible grâce à la boxe et aux arts de la rue.

"We Want Miles" est aussi la première exposition d'envergure dédiée à la dernière star du jazz, dont les archives sont peu exploitées, contrairement à celles de John Lennon, Serge Gainsbourg ou Jimi Hendrix, objets de précédentes expositions à La Villette. Celles de Miles Davis sont aux mains de ses amis musiciens, de sa fille Cheryl, de son fils Erin, deux de ses quatre enfants qui vivent en Californie, et de son neveu Vince Wilburn. Pour Paris, qui fut un lieu important dans la vie de Miles Davis, ils ont prêté des partitions que l'ont croyait perdues, des lettres, des photographies. Il y a celles, très belles, des sessions d'enregistrement pour Columbia avec le musicien Gil Evans, le Blanc avec le Noir, concentré, respectueux.

 

Teaser video de l'exposition

Infos pratiques: Cité de la musique, à Paris, du 16 octobre au 17 janvier 2010.

Publié dans Culture

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M
<br /> c'est une grande voix<br /> merci pour cette article<br /> <br /> <br />
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